Vu la conjoncture économique et démographique, les régimes de retraite obligatoires par répartition (retraites de base et complémentaire) apparaissent de plus en plus « fragilisés » aux yeux des français. En effet, notre système de retraite, fondé sur la solidarité intergénérationnelle s’essouffle à mesure que le ratio nombre de cotisants/nombre de retraités diminue. Pour y faire face, une majorité de français souhaiterait avoir recours à une « épargne retraite supplémentaire, individuelle et collective, à caractère obligatoire« .
C’est ce qui ressort d’une étude du cabinet Deloitte, publiée le 12 avril 2016 et menée auprès d’environ 4 000 actifs de plus de 25 ans. Ainsi, 60 % des personnes interrogées se déclarent en faveur du développement d’une « épargne forcée » qui viendrait compléter les régimes de retraite obligatoires déjà en place. Cette solution est largement partagée par les sondés : la retraite par capitalisation « permettrait d’assurer un complément de revenus à la retraite et de sauver les régimes par répartition« , loin devant une éventuelle hausse des cotisations vieillesse (32 %), un relèvement de l’âge de départ (29 %) ou encore une diminution des pensions (30 %).
L’épargne retraite individuelle plébiscitée
Cette volonté traduit une défiance de plus en plus grande face au système de retraite par répartition : en effet seuls 29 % des sondés pensent que ces régimes « ont de l’avenir« , alors même que 55 % d’entre eux pensent que la solution réside dans une épargne retraite individualisée (on monte même jusqu’à 62 % pour la génération 45-54 ans, celle-là même qui commence à s’interroger sur sa retraite future). Si ces résultats montrent que l’épargne retraite à la côte auprès des français, cela ne se traduit pas forcément dans les chiffres puisque « seulement » 57 % des actifs déclarent avoir épargné en 2015. Un pourcentage certes en progression (+ 3 points par rapport à 2014) mais toujours considéré comme « faible » par les experts, ce d’autant plus que les montants épargnés ne décollent pas : seulement 1 933 € en moyenne sur l’année 2015 (contre 1 866 € en 2014) ; pas forcément de quoi se constituer un complément de retraite significatif…
Au delà de l’épargne retraite, un autre dispositif fonctionne bien selon l’étude du cabinet Deloitte : l’assurance vie. Elle constitue « le placement préféré des français pour se préparer à la retraite« , 33 % des sondés déclarent l’utiliser. Elle arrive loin devant le PEL (17 %), les livrets d’épargne bancaires (15 %) et les dispositifs d’épargne individuel type PERP, PRÉFON etc. (9 %).
Les plus jeunes particulièrement inquiets
Les jeunes actifs (âgés de moins de 35 ans) semblent les plus inquiets pour leur retraite. Il est donc normal que ce soit chez cette génération que la mise en place d’une épargne retraite individualisée « forcée » soit le plus fort. Une étude du Cercle des épargnants publiée le 7 avril 2016 va dans ce sens : 43 % des actifs de cette tranche d’âge apparaissent « pessimistes sur leurs futurs droits retraite et la baisse de leur pouvoir d’achat« . Il s’agit donc d’un « poste de financement à prioriser à l’avenir » pour 57 % d’entre eux. Malgré cette prise de conscience, ils sont en réalité très peu nombreux à épargner actuellement ou même à penser à épargner « dans l’immédiat« . Les plus âgés eux, semblent toujours vouloir compter sur le système de retraite par répartition et parlent de la nécessité d’un « effort collectif pour sauver les régimes obligatoires« .
Cette préoccupation des jeunes actifs pour leur retraite est à relier à « la faiblesse de leur patrimoine financier« . 69 % des moins de 35 ans déclarent avoir une épargne inférieure à 7 500 € quand seulement 7 % d’entre eux en possède une supérieure à 50 000 €.
Sources :
Baromètre Deloitte « les Français et la préparation à la retraite » – 5e édition
Sondage 2016 : les Français, l’épargne et la retraite