Une étude du ministère des Affaires sociales présentée le 2 décembre 2015 devant le Comité d’orientation des retraites (COR) confirme que les actifs français vont retarder la liquidation de leur pension de 2 à 3 ans par rapport aux retraités actuels. Un report du départ à la retraite qui devrait s’accentuer avec le temps…
L’âge de départ estimé varie en fonction de l’âge et du sexe : ainsi, un homme âgé de 55 ans aujourd’hui ne devrait pas liquider ses pensions de retraite avant 63 ans (contre 63,5 ans pour les femmes). Pour les trentenaires, par contre, cet âge passe à 65 ans pour les hommes et 64 ans pour les femmes.
Plusieurs réformes successives ont causé ce report du départ à la retraite :
- Déjà, la réforme des retraites de 1993 qui avait instauré la notion de décote dans le Régime général de Sécurité sociale, a provoqué un recul de 2,8 mois pour les quinquagénaires et de 4,7 mois pour les trentenaires. La réforme des retraites de 2003 a suivi, avec la mise en place d’un allongement du nombre de trimestres de retraite requis dans la carrière pour liquider la retraite sans décote, tout en alignant les conditions de départ des fonctionnaires sur celles des salariés du secteur privé. Conséquence : report du départ à la retraite de 5,7 mois pour les actifs de 55 ans et 7,2 mois pour la génération des 35 ans.
- Autre réforme, celle de 2010, qui avait augmenté progressivement l’âge minimum de départ à la retraite de 60 à 62 ans. Cette seule réforme a eu pour effet de reculer l’âge moyen de départ à la retraite de 18,2 mois pour la génération des 55 ans et de 18,3 mois pour les trentenaires.
- La dernière réforme en date, celle du 20 janvier 2014, a une nouvelle fois augmenté la durée de cotisation nécessaire pour obtenir le taux plein (on arrive progressivement à 43 annuités soit 172 trimestres requis), décalant du même coup le départ des actifs de 35 ans de 3,8 mois supplémentaires tandis qu’à l’inverse, l’âge de départ des actifs de 55 ans a été réduit de 0,2 mois. L’impact positif sur les quinquagénaires s’explique notamment par mise en œuvre de l’allongement des carrières “seulement” à compter de 2020 (à partir de la génération née en 1958) et de mesures favorables (diminution de la rémunération brute requise pour valider 1 trimestre de retraite, augmentation du nombre de trimestres acquis au titre du congé maternité etc.).
L’Étude précise par contre qu’une autre réforme a eu un effet positif sur les départs en retraite, celle qui améliore l’accès aux “Carrières longues” (Décret Hollande du 2 juillet 2012). En effet elle a assoupli les conditions requises pour bénéficier d’un départ anticipé dès 60 ans. Conséquence : les assurés âgés de 55 ans ont récupéré 0,8 mois sur leur date de départ tandis que ceux âgés de 35 ans devraient récupérer 0,3 mois.
Pour conclure, la comparaison homme/femme permet de voir que l’écart sur la date de départ en fonction du sexe tend à se réduire, et qu’à plus ou moins brève échéance les femmes devraient pouvoir partir plus tôt que les hommes en retraite (alors que la situation actuelle penche plus vers un départ plus tardif, les femmes quinquagénaires n’ayant pas forcément travaillé toute leur carrière…) car elles bénéficient en plus de trimestres liés aux enfants (congé maternité, majoration de durée d’assurance etc.)
Finalement, si ces réformes n’avaient pas vu le jour, le ministère estime qu’il n’y aurait pas eu de report du départ à la retraite mais qu’au contraire, celui-ci aurait été inférieur de près de 3 ans à ce qu’on observe aujourd’hui !