Notre système de retraite va mieux


À en croire le gouvernement, notre système de retraite par répartition « serait proche de l’équilibre » et « ne nécessiterait plus qu’on augmente l’âge légal de départ à la retraite« . Cette affirmation pour le moins surprenante a été faite conjointement par le premier ministre, Manuel Valls, et la ministre des affaires sociales et de la santé, Marisol Touraine, le 11 juillet 2016. Ils se basent sur le rapport annuel du COR (Conseil d’orientation des retraites) de juin 2016 qui dépeint un tableau « optimiste » de l’avenir de nos retraites. Problème : le rapport se base sur des perspectives économiques et démographiques pas franchement réalistes…

système de retraite

Vers l’équilibre du système de retraite

Les dernières réformes vont permettre de réduire les besoins financiers du système de retraite

Voilà une nouvelle qui doit réjouir le gouvernement : le COR vient de publier son rapport annuel sur la retraite en France dans lequel il souligne la « nette amélioration de la situation financière du système de retraite« .

  • Première raison ? la mise en œuvre des dernières réformes des retraites de 2010 et de 2014, qui ont notamment acté le passage à la retraite à 62 ans et le relèvement progressif du nombre de trimestres requis pour liquider sa retraite à taux plein à 172 trimestres (soit 43 annuités de cotisations).
  • Deuxième raison ? la signature par les partenaires sociaux d’un Accord national interprofessionnel qui réforme le fonctionnement des retraites complémentaires ARRCO et AGIRC le 30 octobre 2015. Il prévoit notamment la mise en place d’un « coefficient de solidarité » pour les pensions liquidées au taux plein à compter de 2019. Objectif ? que les salariés reportent d’au moins 1 an (63 ans) leur date de départ en retraite afin de ne pas subir l’abattement prévu par le nouveau texte. La fusion des régimes de cadres et non cadres au sein d’un régime unique a également été programmée, ce qui devrait réduire considérablement les frais de gestion pour les Caisses de retraite.

Compte tenu de ces évolutions récentes, le COR affirme que « les résultats financiers sont en amélioration lente mais sensible« . Mieux, il estime que « la situation et les perspectives du système de retraite, ne s’éloignant pas de façon significative des objectifs définis par la loi, ne nécessitent plus pour l’instant la mise en œuvre de nouvelles réformes structurelles» (comme le relèvement de l’âge de départ en retraite par exemple, dont on a pu entendre parler ces derniers temps).

À condition que celles-ci se conjuguent avec des hypothèses économiques favorables

Et c’est là où nous sommes en droit de nous poser des questions… Le COR se base sur des perspectives économiques à moyen long terme : une augmentation de l’inflation, une hausse des salaires, la baisse du taux de chômage. Autant de facteurs qui seront déterminants pour confirmer les hypothèses du rapport, mais qui sont encore loin d’être acquis…

Ainsi, pour obtenir une réduction du déficit des retraites (tous régimes confondus) à l’horizon 2020, voire une situation excédentaire pour les décennies à venir, il faudrait :

  • un taux de chômage stabilisé à 7 % (alors qu’il dépassait les 10 % au 1er trimestre 2016)
  • une croissance à 1,5 % par an (alors qu’elle atteint à peine + 0,5 % sur le 1er trimestre 2016)

Ces hypothèses, qui ont été qualifiées de « raisonnables et responsables » par Marisol Touraine, prennent en compte les prévisions de croissance du gouvernement présenté dans le programme de stabilité 2016-2019 transmis en avril dernier à la Commission européenne.

L’incertitude plane tout de même sur le caractère réaliste de ce scénario, ce dont est parfaitement conscient le COR, qui a donc comme d’habitude établit d’autres scénarios économiques avec des hypothèses de croissance différentes (à 1 %, 1,3 %, 1,8 % ou encore à 2 %, sait-on jamais !!) et un taux de chômage variable (entre 4,5 % et 10 %). Globalement le COR affirme que « quels que soient les scénarios économiques, la situation actuelle doit permettre d’envisager avec une sérénité raisonnable les évolutions qui restent à conduire« . On ne demande qu’à le croire…

Dans le cas contraire, les efforts devront être poursuivis

Dans l’hypothèse où la croissance stagnerait à hauteur de 1% durant les 25 prochaines années (2016 à 2040), le système de retraite français enregistrerait alors un déficit global de 0,5 % du PIB en 2040, ce qui provoquerait « un déséquilibre important nécessitant des réformes douloureuses » telles que :

  • une augmentation des cotisations d’au moins 0,2 point
  • une baisse du montant des pensions de 0,5 % voir plus en fonction du taux de chômage
  • une augmentation « significative » de l’âge de départ en retraite ou des annuités de cotisations requises

En bref, si pour l’instant le COR ne fait aucune préconisation particulière et dresse une perspective relativement positive de notre système de retraite, un membre du comité de suivi à l’origine du Rapport, Monsieur Moreau, suggère au gouvernement de continuer le processus d’harmonisation des différents régimes de retraites : rapprochement des modalités de calcul des pensions (notamment de la FP sur le secteur privé), des pensions de réversion, des avantages acquis au titre des enfants etc.

Source : lefigaro.fr

Auteur : Florent SARRAZIN

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