La retraite des dirigeants et cadres dirigeants salariés doit faire l’objet d’une attention toute particulière. Les enjeux financiers n’étant pas les mêmes, il est important de se préparer pour envisager sereinement un projet de vie. En pratique, beaucoup ont tendance à négliger la réflexion sur la retraite et subissent une « chute brutale de leurs revenus » car ils n’ont pas suffisamment anticipé leurs besoins. Au-delà de la retraite obligatoire (RG, AGIRC/ARRCO), les compléments de retraite (épargne, régimes par capitalisation) et autres investissements accessoires (assurance vie, immobilier etc) prennent une place importante qu’il nous faut évoquer ici.
Le régime de base (RG)
La détermination des droits retraite acquis au RG se fait de la même manière que pour un salarié :
Néanmoins les enjeux ne sont pas les mêmes pour les cadres et dirigeants que pour les autres salariés. En effet, la retraite servie par le RG est une retraite plafonnée : les cotisations vieillesses versées chaque année le sont dans la limite du plafond annuel de Sécurité sociale (environ 39 000 €), ce qui fait qu’un assuré percevant une rémunération supérieure à ce plafond ne pourra acquérir de droits sur la part excédentaire. Un manque à gagner conséquent pour le futur retraite : il ne cotise pas du tout sur un montant représentatif de sa rémunération réelle !
Conséquence : la retraite RG pour cette population ne représente bien souvent qu’une part négligeable des droits retraite (entre 10 et 40 % selon la rémunération).
Ce sont les retraites complémentaires AGIRC/ARRCO qui viendront compléter les droits de manière significative.
La retraite complémentaire (ARRCO, AGIRC)
Elle représente le deuxième socle des droits retraite du salarié après le RG. Un dirigeant ou cadre dirigeant salarié cotise systématiquement à l’ARRCO et à l’AGIRC. Si le RG est « handicapé » par un plafond de rémunérations soumises à cotisations très faible (voir ci-dessus), les régimes complémentaires permettent quand à eux de cotiser sur des tranches beaucoup plus importantes (jusqu’à plus de 300 000 € bruts annuels pour un cadre dirigeant). Les grands principes ont déjà été évoqués :
Il existe une spécificité dans la retraite des cadres dirigeants : la Tranche C de l’AGIRC. Les salariés qui perçoivent une rémunération supérieure à 4 fois le Plafond annuel de Sécurité sociale (environ 155 000 € bruts annuels) cotisent sur un élément de retraite complémentaire distinct. Pourquoi distinct ? les conditions de liquidation des droits retraite sur la tranche C ne sont pas les mêmes qu’au RG : En principe il n’est pas possible de percevoir sa pension avant l’âge taux plein (âge légal + 5 ans) sous peine de subir une décote automatique, ce peut importe l’état de la carrière et le nombre de trimestres acquis. Ce qui peut poser des problèmes d’organisation et des difficultés supplémentaires dans les démarches de départ à la retraite.
Exemple : un dirigeant né en 1955 qui souhaiterait liquider ses pensions de retraite à 62 ans (en 2017) pourrait liquider sa retraite RG et ses retraites ARRCO et AGIRC, mais devrait attendre d’avoir 67 ans avant de pouvoir récupérer le reste de ses droits acquis sur la tranche C de l’AGIRC. S’il décide de liquider sa Tranche C également à 62 ans, il subira une décote importante du fait de l’âge.
Nouveauté : Suite à la dernière réforme des régimes complémentaires, la réglementation applicable à la tranche C de l’AGIRC a été modifiée. En effet, tous les points de retraite complémentaire acquis à partir du 1er janvier 2016 sur cette tranche spécifique peuvent désormais être liquidés dans les mêmes conditions que les autres retraites AGIRC/ARRCO, c’est à dire dès 62 ans !! À l’avenir il ne sera plus nécessaire d’attendre d’avoir 67 ans pour récupérer l’intégralité de ses droits !! (Attention, cette mesure n’est valable que pour les points acquis depuis le 1er janvier 2016 ; cela ne concerne pas les points retraite AGIRC tranche C acquis antérieurement qui demeurent soumis aux anciennes règles).
Pour aller plus loin : La retraite des salariés et assimilés
La retraite supplémentaire des dirigeants
Les cadres et dirigeants peuvent également bénéficier d’un troisième socle de droits retraite. Comment ? via des dispositifs d’entreprise (plan épargne collectif, régimes par capitalisation), en épargnant personnellement, en mettant en place des contrats d’assurance-vie ou en contractant des assurances retraite individuelles et facultatives. Il est nécessaire de se baser sur des critères objectifs pour en déterminer l’utilité : Quelle sera mon espérance de vie ? Est-ce que je dois privilégier fiscalement un versement en capital ou en rente viagère au moment de la liquidation des droits ? Comment vont évoluer les rendements des régimes de retraite par répartition et par capitalisation ?
- La stratégie individuelle : l’assurance vie
Il s’agit d’un des placements les plus intéressants pour les dirigeants aujourd’hui, de part sa simplicité, son rendement et sa fiscalité. Le dirigeant choisit librement son contrat (rente personnelle ou réversible, capital obsèques etc), sa politique de gestion financière (placements en unités de compte, en euros), et pourra disposer d’une somme d’argent au moment de la retraite ou de son décès. D’ailleurs en cas de décès avant liquidation des droits, ils seront transmis aux héritiers ou bénéficiaires désignés, avec des exonérations en terme de droits de succession.
Pour aller plus loin : http://www.impots.gouv.fr/portal/dgi/public/popup?espId=1&typePage=cpr02&docOid=documentstandard_5859
- La stratégie collective ou « professionnelle »
La retraite d’entreprise existe sous des formes multiples, que ce soit via de l’épargne stricte ouverte au plus grand nombre (PERCO) ou de la capitalisation ouverte généralement à certaines catégories de salariés (régimes « art.83 » ou retraites chapeau). Le taux de rendement peut atteindre des proportions exceptionnelles selon l’abondement de l’employeur et le type de dispositif. Les charges fiscales et sociales varient également selon le régime. D’où l’importance de se poser les bonnes questions : Faut-il privilégier les exonérations fiscales et sociales à l’entrée ou à la sortie ? Puis je choisir librement une liquidation en capital ou en rente viagère ? Le dispositif retraite bénéficie-t-il au seul dirigeant ? À tous les cadres ? À tout le personnel ?
Pour conclure, nous vous recommandons vivement d’anticiper et de préparer le plus tôt possible « l’après vie active ». Plus la mise en place de dispositifs supplémentaires de retraite est tardive, plus les solutions sont coûteuses et le gain incertain. Il faut diversifier les options retenues pour préparer sa retraite car chaque solution a ses avantages et ses inconvénients. Le Bilan retraite individuel est particulièrement important pour les cadres dirigeants afin de trouver des réponses adaptés à leurs besoins.